è
Les enseignements de Fabrice Clément s’adressent à des sociologues, à des philosophes ou à des psychologues. Dans tous les cas, l’accent est mis sur l’interdisciplinarité et la rigueur conceptuelle. L’objectif consiste à montrer qu’il existe des ponts entre les disciplines et que les passages qu’ils permettent sont dignes d’intérêt.
Les processus de socialisation. Une approche interdisciplinaire Dans un premier temps, ce cours visera à présenter les approches classiques de la socialisation. Après avoir mis en évidence leurs limites, nous nous appuierons sur les développements contemporains des sciences cognitives (éthologie, anthropologie, philosophie et psychologie) pour proposer un modèle révisé de la socialisation. En recourant notamment à la psychologie du développement, nous mettrons en évidence les différents processus qui permettent aux enfants de s’intégrer dans leur environnement social et de devenir des membres à part entière de leur groupe d’appartenance. Ce parcours nous permettra d’éclairer différemment la question de l’identité qui, selon les contextes, se définit aussi bien par les pesanteurs sociales de l’habitus que par des prises de conscience "libératrices". Introduction à la sociologie cognitive Le grand partage entre les sciences de l’esprit et les sciences de la société perd de plus en plus de sa légitimité. D’une part, les différentes approches sociologiques reposent sur un modèle, souvent implicite, du fonctionnement de l’esprit humain. D’autre part, les psychologues sont de plus en plus nombreux à tenir compte de l’importance du contexte social dans le développement et la mise en oeuvre des capacités cognitives. L’émergence des sciences cognitives permet aujourd’hui de repenser le rapport entre les individus et leur environnement social. Ce cours vise, d’une part, à montrer comment les conceptions contemporaines de l’esprit humain permettent d’éclairer certains phénomènes sociaux. D’autre part, nous mettrons en évidence l’impact des "faits sociaux" sur le fonctionnement même de l’esprit. Les croyances collectives L’étude des croyances humaines est un sujet qui peut difficilement éviter une approche interdisciplinaire. Les croyances sont pour ainsi dire "bifaces" : leur face "interne" renvoie aux processus psychologiques par lesquels se constituent nos adhésions; leur face "externe" rattache par contre les croyances à l’étude de la culture, des systèmes symboliques par lesquels s’identifient et se perpétuent les différentes communautés humaines. L’objectif de ce cours consiste à trouver une voie susceptible de rapprocher les démarches qui se concentrent sur la nature des processus psychologiques des croyances avec celles qui insistent sur leur dimension sociale. Nous chercherons notamment à montrer combien certaines "pentes de l’esprit humain" sont susceptibles, dans certains contextes sociaux de circulation des informations, de rendre compte des phénomènes d’"épidémiologie des représentations". Psychologie de la croyance Les croyances font partie de ces phénomènes qui, tout en jouant un rôle essentiel dans la détermination de nos comportements au quotidien, sont difficiles à cerner. Multidimensionnelles, les croyances renvoient aussi bien à des représentations mentales "privées" ("Je crois qu’il a raison") qu’à des représentations sociales "publiques" (les "croyances collectives"). Leur étude impose donc une perspective interdisciplinaire. Ce cours va tout d’abord tenter de mieux comprendre ce qu’est une croyance en analysant les différentes facettes de ce phénomène. Nous nous demanderons notamment, en termes évolutionnistes, quelle est la fonction biologique des croyances. Une part importante du cours sera dédiée à la compréhension des différents mécanismes qui sous-tendent l’adhésion. Nous verrons qu’il existe différents canaux d’acquisition des croyances, que celles-ci existent sous différents "formats" représentationnels, que les émotions jouent un rôle essentiel dans la "fabrication" des croyances et que le groupe social est un relais important de "l’épidémiologie des représentations". Enfin, nous nous demanderons si la culture peut être ramenée à un système de croyances et s’il existe des "pentes naturelles" de l’esprit qui tendent à rendre certains types de représentations plus "croyables" que d’autres, y compris lorsque ces représentations contiennent des éléments a priori irrationnels. Ce cours sera enseigné pour la première fois durant l’année académique 2006-2007, au département de psychologie de l’Université de Neuchâtel. La nature de la culture L’interrogation qui sous-tend ce cours est la suivante: est-il possible d’appliquer à l’étude des phénomènes culturels des méthodes comparables à celles utilisées par les sciences naturelles? Traditionnellement, les sciences humaines ont répondu par la négative: la culture est une spécificité humaine indissociable du sens que les individus donnent à leur existence et le sens ne peut être appréhendé que par des méthodes interprétatives spécifiques. Pourtant, les progrès récents de l’éthologie, des neurosciences et des sciences cognitives tendent à remettre en question cette séparation radicale entre sciences de la nature et sciences de la culture (Naturwissenschaften vs Geisteswissenschaften). En adoptant une démarche résolument interdisciplinaire qui fera aussi bien référence aux pères fondateurs de la sociologie qu’aux travaux marquants en sciences cognitives, nous allons tenter de mieux cerner ce que recouvre la notion de "culture", de comprendre en quoi les êtres humains sont similaires et différents des autres espèces animales, d’analyser en quoi la culture permet la constitution d’une identité sociale et personnelle, de décrire la manière dont les membres d’une communauté acquièrent les représentations propres à leur culture et, enfin, de montrer que la culture détermine autant qu’elle libère. Ce cours sera enseigné pour la première fois durant le semestre d’été 2006-2007, au département de sociologie de l’Université de Genève. Apprendre d’autrui: du savoir culturel à la créativité personnelle Pendant des décennies, la psychologie du développement s’est concentrée sur les activités cognitives qui permettent à l’enfant d’acquérir des informations par lui-même, en mettant à profit ses mécanismes perceptifs et inférentiels. De leur côté, les sciences sociales ont eu tendance à considérer les enfants comme des récipients dans lesquels la culture se déverse lors de la socialisation. Récemment, une série de recherches, aussi bien en psychologie qu’en anthropologie et en psychologie sociale, ont cherché à contrebalancer ces deux types d’a priori en tentant de comprendre les interactions entre les mécanismes cognitifs de l’enfant et les dispositifs culturels dans lesquels il grandit. Le cours aura pour but, dans une perspective interdisciplinaire, de montrer comment s’intègrent culture et cognition lors du développement de la personne. Ce cours sera enseigné pour la première fois durant le semestre d’été 2006, au département des sciences de l’éducation de l’Université de Neuchâtel. Société et cognition. Les bases naturelles du social Ce cours, destinée à des étudiants de deuxième cycle en sociologie, a pour objectif de démontrer en quoi les sciences cognitives sont pertinentes pour les sciences sociales. Le point de départ du cours est le constat qu’il est important pour la sociologie de disposer d’un modèle crédible de l’esprit humain. La plupart des courants sociologiques, et en particulier l’individualisme méthodologique et le structuralisme génétique, s’appuient sur une conception trop schématique des mécanismes cognitifs et affectifs que nous mobilisons dans nos interactions sociales. Le cours présente un introduction générale à l’approche cognitiviste, des illustrations issues de l’anthropologie cognitive, de la psychologie sociale et de la psychologie du développement, ainsi que les fondements d’une théorie visant à rendre compte de la diffusion des représentations culturelles (épidémiologie des représentations). Ce cours a été donné pour la première fois au département de sociologie de l’Université de Genève au cours du semestre d’hiver 2003-2004. Philosophie et sciences cognitives. Vers une philosophie cognitive Cet enseignement est essentiellement destiné à des étudiants de deuxième cycle de philosophie, mais il est également accessible aux psychologues et aux étudiants travaillant dans le champ des neurosciences. Il vise à montrer en quoi les recherches menées au sein des sciences cognitives (l’accent est essentiellement mis sur les neurosciences, la psychologie cognitive, la psychologie sociale, la psychologie du développement et la philosophie de l’esprit) tendent à modifier certaines conceptions philosophiques. Les cours s’organisent autour de notions clés comme la raison, la conscience, les émotions ou encore l’identité. Une fois leur contenu traditionnel remémoré, des recherches issus des recherches en sciences cognitives sont convoquées afin de voir en quoi ils bousculent certaines idées reçues. Un des buts de ce cours est de familiariser les étudiants avec la démarche expérimentale et de les encourager à tenir compte des travaux effectués au sein des sciences de l’esprit contemporaines. C’est au département de philosophie de l’Université de Neuchâtel que cet enseignement a été proposé pour la première fois. |
||